Letter 4038a

Tchaikovsky Research
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Date 16/28 February 1890
Addressed to Karl Klindworth
Where written Florence
Language French
Autograph Location Mainz (Germany): Musikverlag B. Schott's Söhne, Verlagsarkhiv
Publication Tschaikowsky-Gesellschaft Mitteilungen, Heft 7 (2000), p. 25–27

Text and Translation

French text
(original)
English translation
By Brett Langston
Florence
28/16 Fevrier [18]90
Hôtel Washington

Mon bien cher et très respecté ami !

Je viens de recevoir Votre bonne lettre, que l'on m'a expédiée de Moscou. Vous ne sauriez croire combien je suis touché par les lignes que Vous m'adressez, par tous les témoignages d'amitié que Votre lettre renferme. Je m'en réjouis d'autant plus que je considérais depuis longtemps comme un devoir de ma part de Vous ecrire et que la conscience me tourmentait de ne pas l'avoir fait plutôt. Je voulais Vous féliciter de tout cœur avec le succès extraordinaire que Vous avez obtenu à Moscou et puis Vous dire combien j'ai été désolé de touts les empèchements que Vous avez eu. Ce qui est certain, c'est que dans tout cela il n'ya a eu de mauvaise volonté d'aucune part. C'était une fatalité! Mais n'en parlons plus, car tout est bien qui finit bien. Ce qui m'enchante tout à fait, c'est que Vous avez oublié touts les petits désagréments que Moscou Vous a causé pour ne Vous souvenir que de l'acueil sincèrement amical qui Vous a été fait par Vos fidèles ami et du grand triomphe public. J'espère et je désire de tout mon cœur que Vous reveniez. Quel dommage, quelle perte pour moi de ne pas avoir pu assister au concert ! Mais les répétitions ont suffi pour me donner l'invincible conviction que Vous ètes un grand et extraordinairement habile chef d'orchestre. Vous avez tout ce qu'il faut pour cela: de l'energie, une grande patience, beaucoup de chaleur, et une grande sureté. Quel bonheur c'eut été pour moi — si Vous deveniez le chef d'orchestre de tous nos concerts symphoniques !!!

Cher ami, Vous devez Vous etonner de ce que je Vous écris de Florence. Après le concert qui a suivi le Votre et ou j'ai conduit le Concerstuck de Rubinstein, j'ai pris subitement la résolution d'aller en Italie pour me reposer de toutes mes fatigues et aussi pour composer. Car à vrai dire ma vraie vocation, ce n'est pas du tout d'ètre administrateur ou chef-d'orchestre. Je ne suis que pour composer et je ne me sens heureux et tranquille que quand j'ai le crayon et la plume à la main. Et quoique je n'ai aucunement la prétention d'ètre un grand compositeur, je sens en moi une certaine force créatrice et tant qu'elle subsiste je travaillerai avec acharnement. Il est très probable (je Vous dis cela confidentiellement) que je quitterai mon poste de Directeur de la Société musicale. Je veux bien d'ètre utile dans la mesure de mes forces à mon pays, à la ville où j'ai si longtemps vécu, a la Société musicale qui m'est si proche — mais je veux aussi qu'on apprécie un peu plus qu'on ne l'a fait mes peines et mon dévouement. Or, je remarque que depuis quelque temps on a l'air de très peu se soucier de mes désirs et de mes opinitions sur les questions de la prospérité de la Société et du Conservatoire. Nous en parlerons de vive voix un jour. Maintenant je vais Vous donner quelques nouvelles de Moscou. Zwereff va très bien il ce qu'on m'écrit et même, il a recommencé à passer des soirées chez Patrikeeff (le restaurant). Quant au pauvre Fitzenhagen — il est mort, ce que peut être Vous saviez déjà par les journaux. Il a laissé 30 mille roubles de fortune et en outre 10 mille roubles de prime (il avait assuré sa vie). De sorte que sa famille est à l'abris du besoin.

J'avais d'abord commencé une lettre allemande, — mais c'était si mauvais que j'ai dû la dechirer et ecrire en français.

Mille chaleureuses salutations à Votre chère femme! Je Vous serre bien cordialement la main.

Tout à Vous,

P. Tschaïkowsky

Veuillez saluer M[onsieu]r et M[ada]me Jedliczka de ma part.

Florence
28/16 February [18]90
Hôtel Washington

My good, dear and most respected friend!

I have just received your kind letter, which was sent to me from Moscow. You cannot believe how touched I am by the lines that you address to me, by all the demonstrations of friendship that your letter contains. I rejoice all the more since I have long considered it a duty on my part to write to you, and that my conscience tormented me for not having done it sooner. I wanted to congratulated you with all my heart on the extraordinary success you have attained in Moscow, and then to tell you how sorry I was for all the hindrances you have had. What is certain, is that there was no ill will on any part. It was inevitable! But let us not talk about it any more, because all's well that ends well. What absolutely enchants me is that you have forgotten all the petty annoyances that Moscow caused you, to remember only the sincerely friendly welcome that was afforded to you by your faithful friends, and the great public triumph. I hope and wish with all my heart that you will return. What a pity and such a loss for me to have been unable to attend the concert! But the rehearsals were sufficient to give me the unshakeable conviction that you are a great and extraordinarily skilful conductor. You have everything necessary for this: energy, great patience, a great deal of warmth, and great confidence. How happy I would be if you became the conductor of all our symphony concerts!!!

Dear friend, you must be surprised that I am writing to you from Florence. After the concert that followed yours, and where I conducted Rubinstein's Concertstück, I suddenly took the decision to go to Italy, in order to rest from all my weariness, and also to compose. Because to tell the truth, my true vocation is not at all to be an administrator or a conductor. I was born only to compose, and I only feel happy and calm when I have the pencil and the pen in my hand. Although I have no pretensions to be a great composer, I feel within myself a certain creative force, and so long as it remains I shall work furiously. It is very probable (I tell you this in confidence) that I will be leaving my post as Director of the Musical Society. I want to be do my utmost to be useful to my country, to the town where I have lived for so long, and to the Musical Society that is so close to me — but I also would have liked a little more appreciation than I had for my efforts and dedication. However, for some time I have noticed there has seemed to be very little concern for my desires and opinions on the questions of the prosperity of the Society and the Conservatory. We will talk about it in person one day. Now I am going to give you some news from Moscow. Zverev writes to me that he is doing very well, and has even begun spending evenings at Patrikeyev's (the restaurant). As for poor Fitzenhagen — he is dead, as you perhaps already know from the newspapers. He left a fortune of 30 thousand rubles, and an further bounty of 10 thousand rubles (he had life insurance). So his family is safe from need.

At first I began a letter in German, but it was so bad that I had to tear it up and write in French.

A thousand cordial greetings to your dear wife! I shake you most warmly by the hand.

Yours ever,

P. Tchaikovsky

Please greet Monsieur and Madame Jedliczka on my behalf.